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Publié dans Le Quotidien d'Oran le 29 - 12 - 2016

Un pays n'est attractif pour les autres que s'il fait retenir, d'abord les siens et plus particulièrement ses élites qu'il n'a pas su ou voulu garder en les ignorant et en méprisant leurs potentialités et leur génie créatif et innovant, dont il a besoin. Des milliers d'Algériens, poussés par l'ambition de réussir leur vie sociale et professionnelle là où ils voient des opportunités, se sont expatriés et sont allés exprimer leur talent, ailleurs, en Europe, en Amérique du Nord et aux pays du Golfe, à l'image de cette jeune physicienne qui vient de remporter le prix Jacques Herbrand 2016, de l'Académie des Sciences françaises. Yasmine Amhis est partie en France, en 1999, dans ses bagages un baccalauréat qu'elle venait juste d'avoir et l'esprit d'aller aussi loin que possible dans la recherche fondamentale en Sciences physiques pour comprendre les mécanismes qui gèrent l'univers. Ne se contentant pas de son doctorat obtenu à Paris, elle est allée en Suisse pour des études post-doctorales à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Aujourd'hui, elle est chercheuse au CNRS de Paris et participe à des expériences menées sur l'accélérateur des particules, au CERN (Centre européen de la recherche nucléaire) de Genève. Les médias du sensationnel qui d'habitude font l'étalage de la « friperie intellectuelle » et la réclame de la bigoterie hallucinante ne parlent pas de ces scientifiques qui ne leur sont d'aucune utilité. Ces scientifiques sont dans le monde réel, monde que ne comprendront jamais les charlatans, parce qu'il est inaccessible à l'ignorance. Le drame des pays qui n'arrivent pas à sortir de l'indigence intellectuelle et sociale, ne réside pas seulement dans l'exil de leurs élites, mais surtout dans le découragement et l'ostracisme imposés aux plus méritants qui se sont résignés à rester au pays, faisant face à la médiocrité nichant dans tous les interstices de la société et face aux défis du quotidien. Le pays est-il devenu le cimetière des espérances de ceux qui se sont donné le temps et la peine de poursuivre des études longues qui déboucheraient sur l'inconnu ? Les médecins hospitaliers n'arrivent même pas à arrondir leurs fins mois. Les ingénieurs, les architectes, les avocats... trouvent difficilement du travail. Ces dernières semaines, les étudiants des facultés de pharmacie ont envoyé un SOS à la société et aux responsables pour trouver des solutions à leurs problèmes d'insertion professionnelle. Alors que beaucoup d'Algériens compétents, hommes et femmes, ayant eu l'opportunité de trouver un point de chute en Occident réussissent bien dans leurs entreprises, parmi eux des scientifiques, des commerçants, des hommes d'affaires... ils se sont expatriés à la recherche d'une terre fertile pour semer leur savoir-faire. Certains l'ont trouvée, d'autres non sans peine, sous un temps maussade, annonçant l'éclaircie qui fait germer la vie, mais pas l'aridité de la chape de plomb qui caractérise nos latitudes, et qui permet, au plus, à la masse de satisfaire ses besoins reptiliens, de nourriture et de reproduction.

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