La vie serait belle…

Si elle n’était pas un zigzag, elle serait monotone, monochrome et insipide comme disent certains. Il est sûr que nous sommes soumis à ses aléas. Ses hauts et ses bas. Ses jouissances. Ses contraintes. Ses satisfactions. Ses impasses. Ses réussites. Ses incertitudes. Ses cycles. Et aussi son printemps et son automne. Mais ses zigzags nous pèsent. Ils nous ruinent et nous étreignent. Ils nous donnent du tournis dans les ronds-points et des frayeurs sur les routes. Silence, on tourne ! Le cinéma est sorti de ses salles. Il est en plein air serti de mur de badauds. Ceux qui ne comprennent pas ce qu’il leur arrive, s’exilent dans leurs têtes. S’enfoncent dans une lointaine réalité. Celle qui pleure les nuits nostalgiques. De l’autre monde. Idéalisé peut-être. Parti à jamais. Et nous avec. Et pour cause, il nous est difficile de suivre le rythme de ces slalomeurs pressés d’arriver. Coûte que coûte. Les raccourcis ne les effraient pas. Ils ont fait leurs preuves dans les égouts des labyrinthes. Ils vont de zig à zag sans pudeurs. Sans honneur. Mais, ne l’ont-ils jamais eu ? Des opportunistes disent d’autres. Ils changent d’opinion selon l’humeur qui les baigne. Caméléons mimétiques. Roublards au pays de la naïveté. Plutôt débrouillard qu’instruit disait la grand-mère. Ils méritent leurs titres de futés. Ils sont incroyables. Effrontés. Rien ne leur résiste. Ils se fichent des compromissions. Calculateurs, jamais satisfaits. Pique-assiettes, toujours à l’affut d’une table à manger ou d’un râtelier pour s’assouvir. Ils n'hésitent pas à revenir sur leur parole, à trahir ou à rompre avec les amis pour conserver leurs statuts et leurs avantages de jouisseurs. Ils ne sont pas capables d’éprouver des sentiments profonds pour les êtres et les relations qui leurs sont sincères. Un seul impératif pour eux : arriver dans le jeu pour le temps de la cagnotte et le quitter vers un autre, au plus vite, contre toute éthique. Dans le désert moral où ils évoluent, ils n’encourent aucun châtiment. Tout est normal dans un monde anormal et amoral. Hier, dans le temps où les connexions à internet n’existaient pas, quand le monde virtuel n’était que dans l’esprit de ceux qui le préparaient, il y avait les idées et les principes véhiculant une certaine représentation d'une société plus juste et pour lesquelles des hommes avaient consacré leurs vies et d’autres lui avaient sacrifié les leurs avec conviction, pour qu’enfin des immatures incapables de tout autre talent en jouissent aujourd'hui. C'est ainsi, car c'est écrit quelque part dans le temps qui change d'un trottoir à un autre. A.F le 10/02/2017