Ignoble

Ignoble

Ahmed Farrah
La marche du retour et les manifestations organisées dans la bande de Gaza- le plus grand camp de concentration que le monde n’ait jamais connu -, contre le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, sont réprimées dans la barbarie et dans le sang. 
Le peuple palestinien est sacrifié sur l’autel de la traîtrise sans que le monde « civilisé » ne s’en apitoie ou ne dénonce le génocide organisé. Il appelle à la retenue dans la violence des sans-armes qui se font massacrer par les balles assassines, tirées par les snipers d’une armée soutenue sans réserve par l’Occident. Cet Occident est encore figé dans sa repentance. La Shoah le harcèle dans son intimité. Les remords hypocrites, ou non, le poursuivent le long de l’histoire. Il s’est soumis au Sionisme, qui le tient par la gorge, pour espérer l’absolution de ses pêchés. Comment un peuple contraint à l’exode, à la dissémination et à l’extermination, puisse reproduire sur un autre peuple tout ce qu’il avait subi, lui-même, le long de son existence ? Est-il amnésique à ce point ? Grisé par le présent, il oublie que l’histoire n’est qu’un éternel recommencement. Les périodes des : Nabuchodonosor II- roi de Babylone, Pharaon, Cyrus - roi de Perse, Alexandre le Grand - roi de Macédoine, Hadrien – empereur de Rome, Édouard Ier – roi d'Angleterre, Isabelle Ire de Castille - reine d’Espagne, Charles VI – roi de France et au XXe siècle Adolphe Hitler – chancelier d’Allemagne, les Pogroms russes, la chasse aux juifs en Pologne, au Portugal, leur expulsion du Brésil… sont des escales dans l’histoire que les Sionistes semblent oublier. Si hier, le peuple juif avait été protégé contre ses agresseurs, par les ancêtres de ceux qu’il massacre aujourd’hui, il n’en récoltera demain que la haine et le mépris qu’il sème parmi eux. La Nakba n’aurait jamais eu lieu si les traîtres d’hier n’avaient pas marché sur les cadavres palestiniens pour asseoir leurs trônes. À présent, ce sont leurs héritiers qui signent des chèques en blanc à leurs protecteurs pour perdurer à régner sur des peuples soumis par le glaive, noyés dans la dévotion et enfoncés dans la corruption. Le silence assourdissant de ces derniers jours confirme la rupture programmée du monde sunnite avec la cause palestinienne. Les monarchies du Golfe ne sont plus préoccupées que par leur ennemi historique – l’Iran chiite. Le rapprochement entre les monarchies arabes et l’État sioniste est d’abord une alliance stratégique contre leur adversaire commun, l’Iran qui puise sa force dans ses racines perses ayant fait de lui un grand empire qui s’étendait de l’Indus jusqu’en Grèce. Israël sait très bien que les régimes arabes sont défaits, dominés et coupés de leurs peuples. Leur légitimité ne tient qu’au bon vouloir de leurs souteneurs. Contrairement à l’Iran qui reste debout malgré des décennies d’embargo et de gel de ses avoirs en Occident. Israël ne veut pas d’une puissance régionale à ses frontières. Et, peut négocier avec l’Iran sur le dos des monarchies vassales. Ce n’est pas par hasard si une organisation israélienne a frappé une pièce de monnaie en l'honneur et à l’effigie de Cyrus, roi de Perse qui aurait permis le retour à Jérusalem des juifs chassés de Babylone il y a 2500 ans et de Donald Trump qui a transféré l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, à l’occasion du 70e anniversaire de la création de l'Etat d’Israël. Un raccourci dans le temps pour lier la jonction entre le passé et le présent - entre Cyrus ressuscité et les dirigeants d’un Etat raciste et d’apartheid. Ignoble !